Les figures sur les toiles d’Annabelle Amory sont représentées sur un fond uni, la plupart du temps noir, pour éviter toute assise spatio-temporelle. Des pages de livre remplacent la peau des personnages, créant un contraste selon l’ancienneté de l’ouvrage. Le choix de pages de roman n’est pas anodin : la littérature est une chose immortelle, qui se transmet à travers le temps et l’espace. Elle permet à ses héroïnes de combattre la mort, d’accéder à la postérité mais évoque également la cohabitation entre les différents types d’art : peinture et littérature. La problématique difficile de la cohabitation est au cœur de la représentation. L’être humain et la nature ne font qu’un tandis que les femmes, aux allures romantiques, hybrides et fantaisistes, s’émancipent et tentent de vivre pleinement avec leur corps, la société et leur environnement.

Autodidacte, Chantal Emmanuel, s’est spécialisée dans les techniques du raku et d’enfumage. Son sujet central est la femme. Femme digne et fière, femme mère, femme dans son rapport aux autres et à la terre. Le raku et les enfumages conjuguant les influences de feu, de l’air et de l’eau, contribuent à accentuer la douceur de ces corps. La confrontation des éléments naturels avec les émaux, les oxydes donne à chaque pièce sa singularité et son unicité. L’artiste n’utilise pas de croquis préparatoires, elle se laisse guider par ses sensations, ses émotions et laisse ses mains suivre le mouvement de la terre.