De l’agriculture à l’industrie

Au XIXe siècle, Montigny est une commune très agricole, avec quelques 390 hectares de terres cultivables. Les agriculteurs ignymontains avaient une production principalement fruitière et légumière. On pouvait y voir des milliers de pommiers le long de la butte de Sannois à Montigny, mais aussi des pêchers, pruniers, et groseilliers.

En parallèle, si l’industrialisation est très faible au début du siècle, puisque sur 91 personnes recensées en mai 1794, on ne compte que 8 tuiliers, 2 maîtres maçons et 1 plâtrier pour 68 vignerons et 3 jardiniers. Montigny bénéficie de plusieurs atouts tout au long du siècle pour développer son industrie : les réserves d’argiles nécessaires à la fabrication de briques et de tuiles, l’expansion urbaine de la région parisienne et l’installation des lignes ferroviaires.  

bordier.jpg, par Achartier

La briqueterie

Au début du XIXe siècle, deux petites tuileries sont installées à Montigny, l’une rue de Conflans, et la seconde sur la route nationale 14. Elles emploient, au total, une dizaine de tuiliers.
Le 15 janvier 1824, une nouvelle entreprise ouvre ses portes, la principale briqueterie de Montigny appartenant à la famille Paulmier. À ses débuts, les briques sont cuites à l’air libre, mais de nouvelles techniques apparaissent sous la pression de la demande pour améliorer la productivité.

À l’instar des autres briqueteries de la région, l’entreprise investit dans des fours pour accélérer la production et de nombreuses extensions sont faites sous l’impulsion de Louis Benoît Paulmier à partir de 1840 puis de ses enfants successivement jusqu’en 1872. Michel Gustave, maire de Montigny de 1880 à 1891, succède à la famille Paulmier en 1877. Il reste à la tête de la briqueterie jusqu’à ce qu’Auguste Bordier la récupère vers 1900. L’entreprise compte alors 40 ouvriers qui produisent quotidiennement 15000 briques, 3500 tuiles et 2000 autres poteries. La famille Bordier reste à la tête de la briqueterie jusqu’à la fermeture de l’entreprise en 1968.

briquetterie_bordier.jpg, par Achartier

La famille Bordier

Victor Bordier a dirigé la briqueterie de 1905 à 1946 tout en étant maire de la commune entre 1919 et 1945. À la mort du maire Douglas Read en 1917, la fonction de maire est temporairement assurée par Auguste Charlot jusqu’en 1919. Victor Bordier prend le relai en tant que délégué aux fonctions de maire en octobre 1919. Il exerce cette délégation jusqu’à son élection en tant que maire le 10 décembre 1919. Après une défaite aux élections de 1922, il reprend ses fonctions en 1925 et les garde jusqu'en 1945.

En parallèle, il dirige la briqueterie familiale, ainsi que celle de Domont. Louis Bordier, son père, acquit des terrains à la limite de la commune de Piscop où il décida d’ouvrir une seconde briqueterie en laissant à Victor Bordier le soin de s’en occuper. Plus modeste que sa grande sœur, l’entreprise domontoise ne compte que 25 employés en 1932. Tandis que la briqueterie ignymontaine est spécialisée dans la brique creuse, la tuile et les poteries. A Domont, on ne fabrique que des briques pleines afin de compléter la gamme de produits de la société. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la briqueterie de Domont ferme ses portes faute de moyen alors qu’il reste encore des ressources à exploiter. Celle de Montigny, bien plus importante, se maintient sous la direction des deux fils de Victor Bordier, Robert et Jacques. Elle ferme en 1968 par manque de matière première et de difficultés répétées sur les réseaux de transports en région parisienne.

briqueterie_bordier_1900.png, par Achartier

_{HUE, Robert. Histoire de Montigny-lès-Cormeilles du village, à la ville 1800-1980. Librairie Nouvelle Impressions : Gennevilliers, 1986, 614p.
LECUIR, Marie-France. Briquetiers de Domont et d'Ezanville (1900-1975). UNPF : Ezanville, Connaitre Domont, 2002, 68p.}